Music Planet 2Nite : Marianne Faithfull & Ginger Ale

Magazine présenté par Ray Cokes

Marianne Faithfull et Ginger Ale en concert au Réservoir. Rencontre du troisième type, rock-eledro-pop.

Music Planet 2Nite n’est jamais plus intense que lorsqu’elle brouille les frontières temporelles en faisant communier jeune et vieille garde sur la même scène. Après The Cure et Saffron, Terry Hall et Archive, voici Marianne Faithfull et Ginger Ale. Grande dame de la pop britannique versus duo novice d’électro pop français. Honneur aux aînés: « La femme qui n’a plus rien à prouver », selon Ray Cokes, surgit des coulisses. Sobre, élégante, yeux de chatte adulée, sourire ensorceleur, Marianne Faithfull noue langoureusement son foulard rouge autour du micro et ressuscite le passé de sa belle voix blessée.

La reprise métallique de Lennon, Working Class Hero (1979), puis le doucereux Rich Kid Blues (1988), avant de dérouler son dernier opus, Kissin Time, raison principale de sa présence au Réservoir. Sorti l’an passé, c’est un véritable Who’s who du rock: Beck, Billy Corgan, Jarvis Cocker, Blur ou Dave Stewart y ont apposé leur patte virtuose, contribuant à rajeunir l’image de la diva.

A l’issue d’un l’m on Fire apaisé, elle évoque tendrement sa rencontre avec Corgan : « Un jour, quelqu’un m’a dit au téléphone « Je fais partie des Smashing Pumpkins, voulez-vous venir au concert ce soir? » D’habitude, je dis « Non, laissez-moi tranquille’: mais là, j’y suis allée. J’ai été totalement subjuguée par Billy et son batteur Jimmy Chamberlin. »

Le sublime Song For Nico vient ensuite rendre hommage à la muse du Velvet. « Je ne connaissais rien d’elle si ce n’est sa vie tourmentée. Nico a été très sous-estimé, sous-exploitée. Maintenant qu’elle est morte, qui va prendre sa défense? Moi ! », poursuit-elle.

Mais l’heure tourne, il est grand temps de céder la place à Ginger Ale. Derrière ce sobriquet aphrodisiaque, se cache un duo éclectique de producteurs parisiens plus tout à fait anonymes:

Stéphane Loves et Jonathan Chaoul. Laid Back est leur premier effort. Large patchwork de morceaux en demi-teinte qui propulse l’oreille au nombril d’une ronde effrénée d’électro tonique, de pop vigoureuse et lyrique et de new-wave nonchalante. Présents sur cet album régénérant, ni Johan Asherton, Sondre Lerche ou Etienne Daho ne se sont déplacés. Peu importe, la chanteuse Angel fera aussi bien l’affaire. Rythmique automatique, atmosphère très rock, Looking For My Summer affole les murs. Puis, une basse très Cure introduit l’excellent Someday’s Another Day dont le beat violent a été remplacé par une batterie caressante.

Marianne Faithfull va-t-elle les rejoindre sur scène? Mieux encore: Ginger Ale reprend Broken English sous ses yeux. Au ralenti, leur version est soutenue par le joli timbre aigu d’Angel, brunette androgyne – véritable papier carbone de la blonde éraillée.

Le résultat s’avère à la hauteur de l’ambition. Faithfull est aux anges, elle n’a plus d’âge. Après moult échanges de fleurs, la soirée s’achève sur le meilleur titre de Kissin Time, le très Pulp Sliding Through Life on Charm. A concert heureux, fin heureuse.

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