La vouivre

La vouivreComme on vient de le voir dans «La vie et rien d’autre», il fallut plusieurs années, après la guerre de 14-18, pour identifier les disparus. Plusieurs mois après l’armistice, un jeune paysan, Amène (Lambert Wilson), rentre ainsi au village alors que tous le croyaient mort. Il trouve la petite communauté bien agitée : la plupart des hommes valides manquent à l’appel, il ne reste que les femmes, les enfants, les vieux. Parmi eux, le fossoyeur, alias Requiem (Jean Carmet, égal à lui-même), affirme à qui veut l’entendre qu’il a vu une femme nue surgir de l’étang. On l’appelle la Vouivre, cette apparition légendaire, créature immortelle et sensuelle. Le village est en émoi, le curé veut mettre le holà. Arsène, blessé à la tête, se met à confondre rêve et réalité : pour lui, la Vouivre devient une femme de chair et d’os. Non pas une déesse menaçante, avec les serpents qui l’escortent, image qu’on lui donne parce qu’elle est rejetée de tous, mais une amie sincère, une amoureuse pleine de tendresse, de bon sens et même d’humour. Avec elle, Arsène va vivre des moments inoubliables, incompris bien sûr de la petite communauté recluse dans ses préjugés. D’un joli roman désuet de Marcel Aymé, Georges Wilson a tiré un joli film désuet, sympathique comme une affaire de famille.

Kenny

KennyExploitation sordide ou leçon de philosophie et hymne à la vie ? Un jeune garçon de treize ans, nommé Kenny, est un homme tronc. Il vit dans un quartier ouvrier de Pittsburg. Il est champion de planche à roulettes. Il a son univers quotidien harmonieusement organisé. Mais tout se complique lorsque débarque une équipe de télévision (française…) qui a décidé de le filmer, réveillant ainsi les problèmes sociaux et psychologiques de cette famille. Kenny joue son propre rôle et, grâce à son énergie de vivre, porte ce film qui est à mi-chemin de la fiction et du documentaire, et qui a une fâcheuse tendance à glisser vers le larmoyant. Le film obtenu le grand prix des Amériques au Festival de Montréal et le prix spécial du jury au Festival de la jeunesse de Paris. C’est dire si ce film veut être reçu comme respectable. Cela n’empêche pas un arrière-goût amer d’exploitation commerciale. On a même fait venir Kenny pour le montrer aux journalistes lors de la sortie du film en France. Comme «Freaks» de Tod Browning (qui montrait déjà un homme tronc), «Kenny» est en tout cas une leçon de tolérance et d’espoir, un beau manifeste pour le droit absolu à la différence et à la vie !

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