Qu’est-il arrive a baby Jane ?

Qu'est-il arrive a baby JaneQuand elle était enfant, Baby Jane était déjà une star, adulée par son public, capricieuse avec son entourage. Sa sœur Blanche, la brune, la regardait des coulisses. Puis elles ont grandi. Jane, l’éternelle petite fille, fut bientôt oubliée, tandis que Blanche, jeune fille, devenait une star du cinéma hollywoodien. Sans rancune, elle exige par contrat que Jane puisse tourner des films elle aussi. Soudain, c’est l’accident. Un soir d’ivresse, après une folle party, Blanche a les jambes écrasées par sa propre voiture. On raconte que Jane, ivre morte, était au volant. Quelle est la vérité ? Aujourd’hui vieillies et aigries, les deux sœurs vivent ensemble, Blanche se déplaçant péniblement dans sa voiture de paralytique, Jane en robe de petite fille, prenant plaisir à la persécuter… Pour ce duel cauchemardesque, Robert Aldrich engagea deux « monstresses sacrées », épaves d’un Hollywood en déroute, enlaidies par leurs maquillages et par, les éclairages expressionnistes : Joan Crawford (Blanche) et Bette Davis (Jane). Par certains côtés, son film rappelle le chant funèbre de « Sunset Boulevard » avec Gloria Swanson, mais la nostalgie fait place à la dérision, à la description de la folie et de la cruauté mentale qui se rapproche de l’univers du fantastique… Robert Aldrich a préféré l’efficacité à la subtilité, d’où parfois une certaine lourdeur. C’est néanmoins un film très rare (pratiquement jamais projeté depuis sa sortie) qu’il faut voir pour ces deux numéros exceptionnels de stars déchues et déchirées.

Pierrot Le Fou

Pierrot Le Fou« Il était temps de quitter ce monde dégueulasse et pourri… ». Sur ces fortes paroles, Belmondo et Karina prennent la route de la Côte d’Azur, Pieds Nickelés romantiques des années 60, sous la houlette d’un Godard à peine échappé des Cahiers du cinéma. La musique d’André Duhamel se déroule ample, majestueuse, tandis que nos fugitifs « traversent la France comme des apparences, comme un miroir » — citation from Arthur Rimbaud. Les références fleurissent et s’épanouissent en bouquet dans le film-poète de Jean-Luc le Vaudois Picasso pour la violence, Van Gogh pour la couleur, Nicolas de Staël pour la mort. Au cœur de l’œuvre, hommage à la série noire et au burlesque en même temps, la passion et l’amour fou, l’amour qui rime avec Pierrot — ce sobriquet que Marianne Renoir (Karma) donne à Ferdinand (Belmondo). Tourné pendant l’été 1965, le film sortit à l’automne et consacra définitivement le nom de Jean-Luc Godard, pendant qu’un véritable culte s’organisait autour de lui. Sur les murs de Paris, on vit apparaître le slogan « Pierrot le fou », comme une prémonition des futurs mots d’ordre de mai 68. Il y avait aussi Samuel Fuller qui parlait du cinéma, et Raymond Devos qui racontait une de ses histoires assis sur un ponton, et Anna Karina qui assassinait un lilliputien avec une paire de ciseaux, et Belmondo qui imitait Michel Simon, et qui se faisait sauter la tête à la dynamite devant la mer, par amour, pour la dernière fois. C’était la fin de la Nouvelle Vague et le début du cinéma adulte. Beaucoup pour un seul film. En tout cas, on n’en fait pas souvent comme ça.

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