Circulez y’a rien a voir!

Circulez y'a rien a voir!Elle dirige une galerie d’art du Faubourg Saint-honoré, habite un hôtel particulier à Neuilly, fréquente les réceptions mondaines. Lui, c’est un simple flic de quartier, sans qualification précise, qui vit dans un studio miteux et se nourrit au snack du coin. Ils n’auraient jamais dû se rencontrer, et pourtant le destin était au rendez-vous, sous la forme d’une enquête de routine. Fasciné par cette beauté inaccessible, notre inspecteur ne la quitte plus d’une semelle, usant et abusant du pouvoir que lui confère sa carte tricolore. Sous les prétextes les plus futiles, il s’introduit chez elle, insiste, s’impose, s’incruste. Rôle qui va à merveille à Michel Blanc, casse-pied collant comme il l’était déjà dans « Viens chez moi… ». Femme du monde toujours élégante et souriante, Jane Birkin est à l’aise en victime-martyre de cet importun. Celui-ci a aussi un collègue constamment décontenancé : Jacques Villeret. Le duo qu’ils forment est désopilant, davantage certainement que l’histoire assez conventionnelle de tableaux maquillés et de cadavre indésirable où le film nous embarque… On eût préféré un peu plus de folie. Reste un excellent divertissement familial, totalement dépourvu de vulgarité.

T’es heureuse? Moi toujours…

Jean Marbceuf est un sympathique marginal, rendant toujours intéressants des films plus ou moins réussis : « Bel ordure », « Monsieur Balboss », « Genre masculin » et « La ville des silences ». Le plus récent est le plus réussi « T’es heureuse ? moi toujours », dont le premier titre était beaucoup plus poétique, mais beaucoup moins commercial : « La passion Lumière ». Il y a sûrement une grande dose de Jean Marbceuf dans le personnage de cette jeune veuve conduisant son bus à travers la Causse.Tes heureuse Moi toujours Devant de rares spectateurs et avec son cinéma ambulant, elle projette les films réalisés par un mari qui a fini par se suicider, faute d’avoir le moindre succès. Sa croisade insensée pour la mémoire d’un être cher et sa volonté de perpétuer un cinéma forain depuis longtemps désuet sentent bon la sensibilité à fleur de nostalgie et font chaud au cœur. Jean Marbceuf a trouvé son atmosphère. Le film de Jean Marbceuf a la couleur des feuilles mortes. La jeune veuve, incarnée par Dominique Labourier, déambule dans sa vie. Elle arpente une province française comme saisie par la torpeur. La nuit semble son royaume, propice à ces rencontres qui meublent un moment sa solitude : un instituteur cinéphile, un simplet, un patron de café, quelques forains et ce danseur de claquettes. aussi rêveur, libre et insouciant qu’elle. Car, malgré les apparences, (« T’es heureuse ? moi toujours », est un film sur la joie de vivre. Pas une joie béate et imbécile. Avec sa tendresse du cœur et son esprit toujours prêt à l’humour, « Elle » (c’est ainsi que le personnage s’appelle dans le film) vous donne un sacré coup de tonus au moral.

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